Attention, surveillance ! Dans ce pays, rien ne restera bientôt secret.

Salomon - des drones, des ballons, des yeux d’enfants qui rient. Ce qui semble à première vue un divertissement coloré n’est en réalité qu’un moyen de surveillance. La Chine étend son système de contrôle au-delà des frontières nationales.

Des représentants de la police chinoise ont familiarisé les enfants aux drones de surveillance de manière ludique.
Des représentants de la police chinoise ont familiarisé les enfants aux drones de surveillance de manière ludique.  © Screenshot/Royal Solomon Islands Police Force

Et cela concerne l’archipel des Salomon. Comme le rapporte l’agence de presse Reuters, la République populaire a exporté son modèle de contrôle des petites communautés jusque dans le Pacifique.

« Dans les villages chinois, il existe un système de quadrillage où chaque gestionnaire de quadrillage est responsable de la « surveillance des blocs ménagers », » a déclaré Ben Hillman de l’Australian National University.

Avec pour objectif officiel de contenir les troubles sociaux aux Salomon, des fonctionnaires chinois seraient actuellement en train, dans un village près de la capitale Honiara, d’inspecter les foyers, de recueillir les empreintes digitales et palmaires des habitants et de cartographier la communauté. « Gestion de la population », comme le qualifie la Royal Solomon Islands Police Force (RSIPF).

Les habitants doivent être subtilement convaincus du projet. Des images publiées par la RSIPF montrent surtout des enfants et des adolescents familiarisés de façon ludique avec des drones de surveillance. Mais la voie chinoise ne séduit pas tous les insulaires. 

Le port principal de la capitale Honiara sera-t-il bientôt surveillé par des drones chinois ? Une perspective effrayante.
Le port principal de la capitale Honiara sera-t-il bientôt surveillé par des drones chinois ? Une perspective effrayante.  © Montage: Mick Tsikas/AAP/dpa, 123RF/seregalsv

Les politiciens expriment leurs inquiétudes, le Premier ministre des Salomon ne se prononce pas.

Qu’est‑ce que ce jeune a bien pu gagner ?
Qu’est‑ce que ce jeune a bien pu gagner ?  © Screenshot/Royal Solomon Islands Police Force

Le politicien d’opposition Peter Kenilorea (82 ans) s’inquiète, évoquant une violation des droits humains et affirmant qu’un tel projet radical aurait dû être approuvé par le parlement. Selon lui, ce modèle constitue une première étape vers un régime autoritaire.

Clifton Aumae (38 ans), ministre de la Paix et ancien footballeur professionnel, soutient Kenilorea : « Ce système méprise notre culture. Je ne pense pas qu’il sera bien accueilli dans les communautés traditionnelles », a déclaré le quinquagénaire.

Le Premier ministre Jeremiah Manele (57 ans) a préféré ne pas se prononcer sur les événements en cours. Pendant ce temps, les responsables chinois se sont montrés plus enclins à répondre aux questions et, selon Reuters, ont indiqué que le projet pilote près de la capitale devrait devenir la norme pour l’ensemble du pays.

Dans la République populaire, le modèle de surveillance appelé « Fengqiao » a été introduit dans les années 1960 et relancé sous le président actuel Xi Jinping (72 ans). Après des troubles dans le pays, les Salomon ont conclu en 2021 un accord de sécurité avec la Chine.